article MEDIAPART /// Violences sur mineurs : des témoignages accablent un groupe de policiers parisiens – 16 avril 2016 | Par Michel Deléan

Une quinzaine d’adolescents, la plupart mineurs, sont venus témoigner l’un après l’autre, ces dernières semaines, dans les locaux parisiens de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour raconter les nombreux abus et les violences répétées dont ils assurent avoir été victimes de la part d’un petit groupe de policiers en poste dans le XIIe arrondissement de la capitale.

Le 17 décembre dernier, ces jeunes avaient déposé une plainte collective contre X pour des faits de violences volontaires aggravées, agression sexuelle aggravée, destruction volontaire d’objets appartenant à autrui, séquestration et arrestation arbitraire, abus d’autorité et discrimination (lire notre article ici). Dès le lendemain, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire, qui a été confiée à l’IGPN.

Les récits de ces adolescents, auxquels Mediapart a eu accès, dessinent une réalité effrayante. Des faits très graves, réitérés pendant plusieurs années, qui auraient été commis en toute impunité par des membres des forces de l’ordre, en plein Paris, dans un triangle délimité par le boulevard Diderot, la rue de Reuilly et l’avenue Daumesnil. Un véritable harcèlement policier et des abus gravissimes, qui sont attribués à des policiers du groupe de soutien des quartiers (GSQ) du XIIe arrondissement, surnommés « les tigres » en raison de l’écusson qu’ils portent sur leur tenue. Les victimes : de petits groupes d’adolescents issus de milieux populaires, qui traînent (faute de mieux) sur l’allée Vivaldi et la dalle Rozanoff, et que les « tigres » semblent vouloir chasser du paysage, par tous les moyens.

Ces mineurs assurent avoir, depuis 2013 au moins, régulièrement subi lors de contrôles au faciès à répétition une litanie de provocations, humiliations, injures, insultes racistes, menaces, destructions d’objets, palpations des parties génitales, arrestations arbitraires, gazages, gifles, coups de pied et coups de poing.

L’écusson du GSQ Paris XII © DR L’écusson du GSQ Paris XII © DR

Une collégienne, élève en classe de 3e, a livré un témoignage saisissant. Le 3 mai 2015, vers 18 heures, alors âgée de 14 ans, elle discute avec d’autres adolescents sur un banc de l’allée Vivaldi, près de la piscine Jean-Boiteux et du manège pour enfants. Arrive une voiture de police. Les policiers ordonnent aux adolescents de « dégager », et ceux-ci se lèvent en prenant leur temps. Mais un des jeunes se retrouve brusquement plaqué contre un mur. « Les deux policiers lui ont mis des claques au niveau du visage et des coups de poing au niveau des côtes », raconte la collégienne.

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