Cécile Duflot, ancienne ministre EE-LV du Logement de François Hollande, dénonce la « triple erreur » du président.

Cécile Duflot, ancienne ministre du gouvernement Hollande, fustige la décision d’étendre la déchéance de nationalité à tous les binationaux reconnus coupables de faits de terrorisme.

François Hollande a finalement décidé de maintenir l’extension de la déchéance de nationalité. Vous y étiez opposée, vous avez même parlé de faute. Une réaction ?

J’y vois une triple erreur. La première est politique : en faisant sienne cette proposition, le président de la République capitule devant les idées de l’extrême droite, qui se trouvent validées de la sorte et obtiennent un brevet de respectabilité. Cette concession est de nature à en entraîner d’autres. A force de vouloir couper l’herbe sous le pied du FN, on risque d’appliquer son programme. La seconde erreur est d’ordre symbolique : en faisant de la binationalité le centre d’une polémique liée au terrorisme, on fragilise au fond le socle du vivre ensemble. Enfin, je crains que cette décision marque un tournant historique. Partout en Europe les nationaux-populistes prospèrent et tentent d’imposer leur vision du monde. La France n’agit et ne parle pas que pour elle-même. Nous étions un rempart contre la contagion des idées xénophobes. Je crains que nous ne cessions de l’être.

Quel sera votre vote à l’Assemblée ?

Voter contre s’impose. J’appelle toutes les consciences républicaines à se réveiller et refuser cette pente glissante.