Depuis plusieurs mois maintenant, E. Macron prétend que le pays est au bord du plein emploi et qu’il suffirait
de « remettre au travail » les derniers réfractaires pour y parvenir… Il suffirait de « traverser la rue » pour que
le chômage soit au plus bas de notre histoire récente. A l’unisson du patronat, nos dirigeant·es insistent sur le
nombre faramineux d’offres d’emploi non pourvues. Pourtant, en consultant le site pole-emploi.fr, on constate
que seulement 20% de ces offres sont des emplois en CDI à temps plein alors que 80% de ces offres, concernent
des emplois précaires, en CDD et/ou à temps partiel.

Le plein emploi ? Un effet de com’ à marche forcée !
Au-delà de la communication gouvernementale, c’est plus de 10 millions de personnes (privé·es d’emploi inscrit·es
à PE, précaires, allocataires du RSA non-inscrit·es…) qui sont concernées par les mesures contenues dans le projet
de loi « Plein emploi » qui, après un passage express au Sénat début juillet, vient d’être adopté par une majorité
de député·es à l’Assemblée Nationale aujourd’hui mardi 10 octobre.
Après avoir refusé, en accord avec les employeurs « en difficulté de recrutement », de poser la question des
salaires et des conditions d’emploi et de travail de ces secteurs (Hôtellerie/Restauration, Aide à la personne…),
le gouvernement a trouvé la solution. Avec sa minorité présidentielle et l’aide des député·es LR de l’Assemblée
Nationale a trouvé la solution, il force la main des plus fragiles de la population pour qu’ils prennent des postes
sous-payés et/ou avec des conditions de travail très dégradées. C’est la substance du projet de loi et de la mise
en place de France Travail.

Créer une main d’œuvre corvéable de travailleuses et travailleurs pauvres !
La dégradation des conditions d’accompagnement des privé·es d’emploi, avec la création de France Travail et
particulièrement le renforcement du contrôle de la recherche d’emploi (et donc des sanctions), permettra au
patronat d’imposer ses conditions aux salarié·es du pays. Au-delà même des millions de personnes concernées
directement, les nouvelles mesures sur le traitement du chômage auront également de graves répercussions sur
les travailleuses et travailleurs actuellement en emploi.
La loi prévoit, dès ses premiers articles, que toute personne ayant besoin d’un accompagnement devra s’inscrire
à France Travail, l’ancien Pôle emploi. Ce sont plusieurs centaines de milliers d’inscriptions qui se profilent tous les
ans, sans que le gouvernement ne prévoie de renforts pour l’opérateur. De plus avec l’amendement du groupe LR,
ces mêmes personnes devront justifier d’au moins 15h d’activité par semaine, au grand bénéfice des employeurs
qui auront recours à cette main d’œuvre gratuite. De plus, ils et elles devront effectuer au moins 15h d’activité par
semaine. Même si cette notion « d’activité » n’est pas encore clairement définie, les allocataires du RSA devront
apporter la preuve de leurs recherches d’emploi sous peine de sanctions sévères, allant de la suspension à la
suppression de l’allocation.

C’est donc l’ensemble du monde du travail qui est attaqué par le gouvernement, au seul profit des employeurs, par le biais :
• de la casse des lycées professionnels remplacés par la généralisation de l’apprentissage,
• la destruction morceaux par morceaux de l’Assurance Chômage,
• la suppression complète du projet professionnel de nos usager·ères, sacrifiant ainsi le CEP Conseil en
Evolution Professionnel sur l’autel des besoins immédiats des employeurs,
• la casse du service public de l’emploi avec la mise en place de France Travail,
• les mesures sur la main d’œuvre étrangère prévues dans la loi immigration.

 

Quel avenir pour les personnels de Pôle emploi et du Réseau des Acteurs de l’Insertion et de
l’Emploi (RAIE) ?
Il est difficile de dire ce que deviendront les personnels de Pôle emploi, futur France Travail et des autres
institutions qui composeront le RAIE (Missions Locales, Cap emploi, Conseils départementaux etc..). La présence
amplifiée des collectivités territoriales (régions et Conseils départementaux) dans la gouvernance aura forcément
des conséquences sur les choix du futur établissement et donc sur ses personnels.
La mise en concurrence des différents opérateurs aura aussi des conséquences néfastes sur les conditions de
travail de toutes et tous, en renforçant la politique de résultats aux conséquences délétères pour les agent·es.
Tous les métiers actuels seront impactés par la mise en place de France Travail : l’accompagnement, l’orientation
spécialisée (psychologues du travail), le service aux entreprises, la gestion des droits et le management.
Nos métiers consistent à prendre en charge des publics fragiles en les accompagnant le mieux possible dans la
réalisation de leur projet professionnel, leur recherche d’emploi, leur reconversion. C’est tout le contraire de la
philosophie gouvernementale avec sa loi « Plein emploi » et la création de France Travail. Opposés à la coercition
et partisans de la relation de confiance avec nos usager·ères, nous sommes donc opposés à cette loi.

Quels moyens pour cette politique ?
Les règles actuelles d’indemnisation sont issues des dernières décisions gouvernementales de décembre 2022, que
nous avions combattues en leur temps et sont valables jusqu’au 31 décembre 2023. Le gouvernement souhaite
aller plus loin et serrer encore plus la vis, estimant que les économies déjà réalisées sur le dos de l’indemnisation
des privé·es d’emploi ne sont pas suffisantes. Les organisations syndicales ont d’ores et déjà annoncé qu’elles
refusaient l’approfondissement de cette politique qui a renforcé la précarité et l’appauvrissement des plus fragiles
de la population.
Quant au financement de France Travail, c’est justement ce tour de vis supplémentaire sur les règles d’indemnisation
qui financera sa création. Le gouvernement n’a nullement l’intention de débloquer les moyens complémentaires.
Au-delà des économies sur l’Assurance Chômage et sur le budget de PE la solution est toute trouvée : l’appel au
privé, via l’augmentation prévue du recours aux OPP (Opérateurs Privés de Placement) !

Le SNU est fortement opposé à cette loi qui réorganise le service public de l’emploi