Face aux urgences : sortir de notre impuissance politique

Edito

Souhaitons-nous des actes forts face à l’urgence climatique ? En coulisse de la COP 28 des centaines de lobbyistes des énergies et combustibles fossiles s’activent auprès des délégations internationales pour continuer à polluer et renforcer les industries pétrochimiques, financières ou agroalimentaires.

N’avons-nous pas été des millions dans la rue à dire non à une réforme des retraites injuste, brutale et sexiste ? Le gouvernement la passe en force.

Enseignons-nous le vivre ensemble, la tolérance et la solidarité ? Nous voyons avec consternation la multiplication des démonstrations de force de groupuscules d’extrême-droite aux discours racistes, haineux et aux méthodes violentes qui alimentent un climat de plus en plus pesant.

Côté école, exigeons-nous de pouvoir assurer l’accès à des savoirs exigeants et émancipateurs pour toutes et tous les élèves ? Voulons-nous des conditions favorables à un apprentissage collectif permettant le vivre ensemble et combattre résolument les déterminismes sociaux ? On nous répond par un « choc des savoirs » passéiste, réactionnaire violent et injuste pour les élèves, notamment les plus fragiles, brutal et autoritaire pour les personnels. Des milliers de jours de classes sont perdus faute de remplaçant.es et des centaines d’élèves en situation de handicaps n’ont pas d’acompagnateur.trices. Avec la réforme des Lycées Pro, c’est moins d’école et d’enseignant·es pour plus d’entreprises, d’externalisation des missions et de management… Dans quel But ? Pour livrer une main d’œuvre flexible et bon marché au patronat local.

Rendre attractifs les métiers de l’enseignement ? Le ministère a trouvé la solution ! Il recrute chez votre boulanger·e préféré·e ! Pour un métier payé une bouchée de pain, c’est normal de finir emballé.e autour d’une baguette !

Une chose est claire par contre. Ils veulent nous décourager ! Mais il nous reste un réservoir de colère et de potentialités d’actions, ne l’oublions pas ! Le mouvement des retraites a inscrit dans les esprits la crédibilité et la légitimité des syndicats, notamment quand ils sont unis. Aujourd’hui le syndicalisme a de grands défis à relever !

Les enseignant·es qui sont en grève reconductible au Maroc, en Belgique ou au Québec, les salarié·es de l’automobile aux États-Unis ou celles du textile au Bangladesh montrent la force du syndicalisme et de la mobilisation par la grève. Apportons leur tout notre soutien et construisons ici aussi des perspectives. Nous serons en grève le 1er février pour exiger des salaires réellement revalorisés, de meilleures conditions de travail et une école avec des moyens pour fonctionner.

Cette grève doit participer à la construction d’un rapport de force pour inverser la tendance pour le service public national d’éducation seul garant de justice sociale sur tous les territoires mais pas seulement. Car notre syndicalisme doit se doter vite d’une vraie stratégie politique. Nous vous proposons alors d’en discuter, lors de la visio-conférence le jeudi 11 janvier 2024 de 20 heures à 21h30, avec Karel Yon sociologue chargé de recherche CNRS au laboratoire « Institutions et dynamiques historiques de l’économie et de la société (IDHES) » de Nanterre. Il est spécialiste des mouvements sociaux et des syndicats.

Laurence Laborde, Catherine Dudes, Alain Reiller,

Co-Secrétaires Départementaux