EDITO – Comme c’était prévisible, Macron donne toutes les garanties possibles à la classe dirigeante : son gouvernement est clairement orienté à droite avec des ministères-clés pour des personnalités LR, notamment pour réduire les dépenses publiques de 60 Milliards, gérer la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, augmenter la CSG des retraité-es de 1,7 points, et de l’autre côté alléger l’ISF ! Quant à la ministre du travail, qui a siégé dans de nombreux conseils d’administration, elle connaît bien les « relations sociales » … plus du côté patronal (Dassault, Danone…) que du côté syndical. Et qui prend-elle comme directeur de cabinet ? Un homme qui vient du Medef, adepte de la flexibilité avec un discours archaïque vendue par un Président jeune et moderne…

Macron s’attaque tout de suite, comme il l’avait promis, au Code du Travail en mettant en avant une vieille lune libérale : si le chômage est élevé c’est que les salarié-es sont trop protégé-es. Depuis 2002, plus d’une dizaine de réformes ont remis en cause la hiérarchie des normes et remis en cause les droits des salarié-es. Cela n’a pas fait diminuer le chômage ! Bien au contraire ! Le discours est archaïque, le même depuis 30 ans : on va d’abord « flexibiliser » puis on développera le volet « sécurité ». Or, fait remarquer Patrick Artus, économiste de la banque de financement Natixis : « comme il sera plus facile de licencier, les entreprises vont commencer par ajuster leurs effectifs et on va perdre des emplois…il faut prévenir les français que l’on aura d’abord une montée du chômage et une rotation vers des emplois bas de gamme ». Or nous savons que si les entreprises n’embauchent pas suffisamment, c’est faute de demande. Les salaires stagnent, et l’activité et la croissance économique dépendent des salaires. Ce n’est pas en précarisant davantage les salarié-es qu’on remplira les carnets de commande des entreprises.

Amplifier les politiques d’austérité et flexibiliser le Code du Travail se traduira par une aggravation des inégalités sociales, et par la montée de la désespérance qui alimente le vote Front National. Macron trouve que la loi El-Khomri n’allait pas assez loin. Le Medef, par la voix de l’un de ses vice-présidents appelle à donner une majorité à Macron « pour que les ordonnances puissent passer. Le débat a assez duré ! ». Macron et ceux qui veulent s’inscrire dans la majorité présidentielle, candidats du Medef ? Oui assurément.

Comment concilier ces choix très éculés promus par l’Europe libérale et faire face aux enjeux majeurs environnementaux et à la transition écologique et solidaire ? Bon courage au nouveau Ministre Nicolas Hulot face à de tels choix économiques ! A la veille des élections législatives la FSU appelle à faire barrage au Front National en s’opposant à la ligne Macron/Philippe car leurs politiques vont aggraver le cycle déflationniste et régressif qui est le plus grand allié de Marine Le Pen. Maintenant que l’élection présidentielle est derrière nous, s’opposer à Le Pen signifie s’opposer à Macron. Il revient au mouvement syndical de se rassembler et de mobiliser contre le projet du gouvernement de légiférer par ordonnances et de piétiner le Code du Travail et les droits des salarie-és.

Il revient au mouvement syndical dans le secteur public de se mobiliser pour défendre les services publics, pour empêcher les coupes de 60 milliards en 5 ans, dont au moins 15 sur l’assurance maladie, 10 sur l’assurance chômage, et 10 sur les collectivités territoriales.
Il revient au mouvement syndical d’empêcher les suppressions de postes (50 000 dans la FPE et 70 000 dans la FPT) de s’opposer au rétablissement de la journée de carence et à une nouvelle dégradation du système des retraites. Cet été sera celui de la défense de nos valeurs communes : réduction des inégalités et partage des richesses !