La mise en place de la stratégie européenne de Lisbonne (2 000) s’accélère avec la mise en place, en France, du continuum bac-3/bac + 3. La fin de la scolarité obligatoire devrait s’arrêter à l’issue de la Troisième, dans le cadre d’une « École du socle ». La fusion du primaire et du collège, fortement préconisée par l’U.E, est évoquée à nouveau par Blanquer, à Rouen, le 8 décembre sous l’appellation « d’établissements publics du socle commun ».
Un premier tri social s’opère donc.

Pour celles et ceux qui poursuivent leurs études, l’architecture du lycée et du supérieur sont totalement repensées selon une logique descendante et extrêmement cloisonnée. Ce sont les places ouvertes et les attentes économiques qui vont conditionner la nouvelle structure et le nouveau fonctionnement du lycée.
L’U.E en a fixé l’idéologie première : gagner la bataille mondiale de « l’économie de la connaissance » en rendant les élèves employables et mobiles.

Tributaires de la stratégie de communication du Ministère, nous n’avons que des bribes, des perles lâchées ça et là mais pas encore d’annonces concrètes sur la réalisation de ce continuum bac -3/bac +3.
Ne soyons pas pour autant attentistes car nous pouvons déjà dresser la liste de nos craintes quant à la nouvelle Réforme du lycée, dont la précédente de 2010 n’a jamais été officiellement évaluée.

Ce que nous pouvons craindre de la Réforme du lycée :

Un lycée modulaire qui organise le tri scolaire et social.
Le nouveau lycée s’articulerait autour d’un tronc commun, dont les horaires diminueraient de la Seconde à la Terminale, sur lequel viendraient s’ajouter quelques modules disciplinaires et /ou pédagogiques.
Seul.e.s les initié.e.s pourront choisir les bons modules dès la Troisième pour pouvoir correspondre aux attendus des filières de l’enseignement supérieur.

La classe sociale d’origine des élèves a une forte influence sur le choix des disciplines.
Le système modulaire ne fait pas disparaître les inégalités sociales dans les parcours scolaires, au contraire il les accentue. Il existe aussi un fort clivage de genre entre les garçons qui choisissent des matières scientifiques et les filles des matières littéraires. En réduisant le nombre de matières suivies, le lycée modulaire va davantage enfermer l’élève dans une voie unique.
Le groupe classe et la socialisation qu’il crée vont être remplacés par des groupes à géométrie variable.

– Un lycée modulaire qui organise le tri scolaire et social.
Le nouveau lycée s’articulerait autour d’un tronc commun, dont les horaires diminueraient de la Seconde à la Terminale, sur lequel viendraient s’ajouter quelques modules disciplinaires et /ou pédagogiques.
Seul.e.s les initié.e.s pourront choisir les bons modules dès la Troisième pour pouvoir correspondre aux attendus des filières de l’enseignement supérieur.
La classe sociale d’origine des élèves a une forte influence sur le choix des disciplines.
Le système modulaire ne fait pas disparaître les inégalités sociales dans les parcours scolaires, au contraire il les accentue.
Il existe aussi un fort clivage de genre entre les garçons qui choisissent des matières scientifiques et les filles des matières littéraires.
En réduisant le nombre de matière suivies, le lycée modulaire va davantage enfermer l’élève dans une voie unique.
Le groupe classe et la socialisation qu’il crée vont être remplacés par des groupes à géométrie variable.

– Des horaires disciplinaires rabotés comme avec la Réforme du collège de 2016.
Quel dénominateur commun disciplinaire permettra de regrouper les élèves ? Sûrement le plus petit…
Ce qui conduira les collègues à avoir davantage de classes donc davantage de travail.
Ce qui conduira à appauvrir l’offre éducative avec la disparition de nombreuses options.
Comment penser mieux former, donner une meilleure culture commune avec moins de disciplines et de connaissances ?

– La mise en concurrence des disciplines qui pourraient être choisies par les lycéens.
Typique de la logique libérale, chaque discipline se verra confrontée à la dure loi de l’offre et de la demande. Il faudra donc se vendre au mieux pour attirer les élèves.
L’avenir de la voie technologique est fortement compromis, les matières technologiques ne devenant plus que des modules parmi d’autres.
Certaines matières seront marginalisées parce que ne correspondant pas aux attendus prioritaires pour accéder à certaines filières du supérieur.

– Une nouvelle attaque contre nos statuts pour annualiser nos services et nous faire travailler plus.
La mise en place d’un calendrier semestrialisé annualisera de fait notre temps de travail.
Ce serait alors l’occasion de revenir sur notre temps de travail hebdomadaire et de l’augmenter comme le réclament depuis longtemps la Cour des Comptes et les rapports du Sénat.

– Un baccalauréat local à la sauce « contrôle continu » qui va accentuer la concurrence et la hiérarchie entre les lycées.
Comment imaginer que les avis à étudier à l’université ne vont pas se résumer surtout à regarder d’où viennent les élèves ?
Un baccalauréat obtenu dans un lycée de centre-ville n’aura plus la même valeur que celui d’un lycée qui devrait relever de l’Éducation prioritaire.
Cela risque de condamner les élèves des lycées les plus évités à ne pouvoir prendre que les places restantes.

– La participation généralisée à la sélection qui reflète les attentes d’une société de la compétition.
Il existe déjà des voies sélectives pour le supérieur mais là on nous demande de barrer l’accès à l’université de certaines et certains de nos élèves.
Le travail supplémentaire d’analyse des 10 vœux par élèves représente une charge considérable.
Il nous met en concurrence avec nos collègues COPSY.
Il présume à tort de l’avenir tout tracé de chacune et chacun.

Comment accepter de barrer un élève de 17 ans en prononçant un jugement quasi définitif sur ses capacités et sur ses motivations futures ?
Où est le droit à l’erreur (pourtant revendiqué en matière administrative et fiscale par le gouvernement) ?
A quel âge est-on mâture et conscient de ses choix et de ses réelles envies ?

APB le mauvais ?

Des dysfonctionnements exagérés et surmédiatisés pour mieux justifier les réformes du supérieur et du lycée :
d’après le Ministère de l’Enseignement supérieur dans sa note flash n° 20 de novembre 2017
http://cache.media.enseignementsup-…
« Lors de la procédure normale, 63% des bacheliers généraux, 51% des bacheliers technologiques et 44% des bacheliers professionnels ont obtenu leur premier vœu : pour ces derniers, c’est 6 points de plus que la précédente campagne. »

« Parmi l’ensemble des candidats ayant reçu une proposition lors de la procédure normale, celle-ci est en licence (y compris PACES) dans 51% des cas, une STS pour 23%, un IUT pour 10%, une CPGE pour 9% et une autre filière de formation dans 7% des cas. Les deux tiers des bacheliers généraux ont obtenu une proposition de licence lors de la procédure normale. »
En 2016, 83 % des bacheliers généraux avaient reçu une proposition en réponse à un de leurs trois premiers vœux contre 81 % cette année. Pour les bacheliers technologiques, la proposition en réponse à un des trois premiers vœux a baissé de 71,3 % à 70,6 %. Pour les bacheliers professionnels, la proposition en réponse aux trois premiers vœux est en hausse mais reste très inférieure aux deux autres types de baccalauréat, elle est passée de 55 % en 2016 à 59,5 % en 2017.

TIRAGE AU SORT !

Le recours accru au tirage au sort est lié à l’absence d’anticipation des gouvernements depuis le pic démographique des années 2000, ils avaient seulement 16-17 ans pour s’y préparer !
Il aurait fallu créer des places et embaucher des professeurs dans le supérieur.
Or 10% d’enseignants ont disparu dans le supérieur depuis 2009, alors qu’il y a eu, sur la même période 290 000 étudiants supplémentaires.

Le gouvernement entend remplacer le hasard par le mérite. Mais que penser du mérite des élèves face aux inégalités sociales et scolaires qui ne cessent de s’aggraver.
Si APB est voué aux gémonies lors des opérations de communication du Ministère, son algorithme va pourtant servir de base pour celui de « Parcoursup ». Il va falloir à nouveau s’en remettre à une intelligence artificielle car les universités n’ont pas les moyens humains pour émettre un avis sur les 3,5 millions de vœux qui pourraient être faits par les lycéens.