Changer de modèle, faire de
l’Enseignement Agricole Public un
atout

L’agriculture est aujourd’hui en crise. En France, en Europe et ailleurs, le productivisme s’est accompagné d’un
effondrement de l’emploi agricole, de la baisse des revenus des producteurs et de graves préjudices
nvironnementaux et sanitaires.

Dans les pays en développement, un milliard de personnes souffrent de la faim, dont l’essentiel sont des petits
paysans qui n’arrivent pas à vivre de leurs revenus. Les politiques libérales tentent d’imposer partout une
concentration de l’agriculture sous le pouvoir de gros propriétaires et de multinationales de l’agro-industrie. En Europe, pour « rester compétitif », réforme après réforme, la PAC a favorisé l’élimination des exploitations
familiales, tout en favorisant la concentration des outils de production au service d’une alimentation industrielle et de
la malbouffe. En France, un vaste plan social qui n’en porte pas le nom guette les producteurs et plus globalement
l’élevage français… Le diagnostic est connu, démantèlement des outils de régulation, libéralisation des marchés,
dumping social, concentration de l’agriculture au profit des géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Faute d’affronter le sujet de prix agricoles rémunérateurs, comme celui des travailleurs détachés en Europe, les
mesures gouvernementales n’auront été qu’incantatoires !

C’est donc vers un autre chemin, celui du progrès humain, de l’appropriation sociale, des biens communs qu’il faut
faire route et avec courage.

Face aux défis est posée l’émergence d’un nouveau mode de développement social et écologique. Notre combat est
celui de la souveraineté alimentaire. Pour répondre au défi climatique, un nouveau modèle agricole, rémunérateur
pour les travailleurs doit promouvoir la valorisation, la transformation et la vente au plus près des consommateurs.
En France, repenser le territoire est devenu indispensable. A l’inverse des logiques capitalistes actuelles qui
concentrent et marginalisent, la ruralité doit devenir attractive. Il est urgent de réinvestir les départements ruraux en
faisant le pari de l’agriculture paysanne, de la pêche artisanale, de l’artisanat et du développement des savoir-faire.

Le déploiement de services publics au service des territoires et populations en est la condition.
Après les suppressions massives d’emplois survenues sous la présidence Sarkozy, il était impératif pour notre
Comité permanent de défense et de développement de l’Enseignement agricole public, mis en place dans cette
période d’assèchement méthodique, que la priorité soit clairement redonnée aux établissements publics agricoles.

Or, force est de constater que les moyens demeurent encore insuffisants et que les pratiques de gestion de la
pénurie se sont poursuivies sans prise en compte des besoins réels, avec le maintien des plafonnements d’effectifs, des ouvertures de classes très réduites, des options facultatives non financées,…, et le tout au détriment de la
dimension pédagogique à l’image du refus de la DGER d’expérimenter un parcours en 4 ans pour les élèves de la
voie professionnelle en ayant le plus besoin.

Sortir de cette impasse est une nécessité plus grande encore à l’heure où la crise agricole n’a jamais été aussi vive
et la promotion de nouveaux modèles de production respectueux de l’environnement aussi urgente. L’Enseignement
agricole public, fort de ses exploitations agricoles et de ses 3 voies de formation, est seul à même de porter des
politiques publiques audacieuses en faveur d’une formation professionnelle et technologique au service d’une
agriculture relocalisée et paysanne. Cela nécessite que les freins au développement de l’EAP, notamment en terme
de moyens, soient levés dans le cadre du budget 2017, tant en regard de la demande des familles que des enjeux
de société. L’Enseignement Agricole Public doit donc avoir les moyens de ses missions dont la première d’entre elles reste de
garantir l’égal accès à la formation de tous et toutes pour la réussite de tous et toutes.

Nous avons la conviction que nous ne pourrons porter collectivement un autre modèle d’agriculture, respectueux de l’environnement, au service des territoires et des citoyennes et citoyens qu’en donnant un nouveau souffle, un nouvel
élan à l’enseignement agricole public. Il est plus que temps de porter et d’assumer politiquement cette priorité.

Les signataires :

Gérard ASCHIERI – Représentant de la FSU au CESE
José BOVE – Député européen Verts / ALE – Membre de la Commission Agricole
Céline BRULIN – Conseillère Régionale de Normandie – Conseillère municipale de Bolbec – PCF
Pierre CHERET – Conseiller Régional Nouvelle Aquitaine – Conseiller municipal de Pau – PS
Xavier COMPAIN – Responsable national agriculture, pêche, forêt – PCF
Eric COQUEREL – Coordinateur du Parti de Gauche
Jérôme DAMMEREY – Co-secrétaire Général Snuep-FSU
Martine FAURE – Député de Gironde – PS
Muriel FILIPPI – Secrétaire Générale du Syac-CGT
Charles FOURNIER – Vice président du Conseil Régional Centre Val de Loire – EELV
Marie-Jeanne GOBERT – Conseillère Régionale Normandie – Conseillère municipale Caen – PCF
Brigitte GONTHIER MORIN – Sénatrice des Hauts de Seine – PCF
Bernadette GROISON – Secrétaire générale FSU
Jocelyne HACQUEMAND – Secrétaire fédérale FNAF-CGT
Gilles HOUDOUIN – Conseiller régional de Normandie Front de Gauche
Sébastien JUMEL – Maire de DIEPPE – Conseiller régional de Normandie – PCF
Pierre LAURENT – Secrétaire National PCF – Sénateur
Jean-Marie LE BOITEUX – Secrétaire général du Snetap-FSU
Noël MAMERE – Député de Gironde – Maire de Bègles – EELV
Jean-Luc MELENCHON – Député européen – PG
Jean MOUZAT – Président du MODEF National
Liliana MOYANO – Présidente de la FCPE
Roger PERRET – FNAF-CGT
Laurent PINATEL – Porte parole national de la Confédération paysanne
Michelle RIVET – Vice présidente du Conseil Régional Centre Val de Loire – EELV
Eve SAYMARD – Co-responsable agriculture du Parti de Gauche
Aurélie TROUVE – Porte parole d’ATTAC