ci suit le récit d’une victime de la répression que subit les manifestants aujourd’hui, gratuitement et aveuglément. L’intersyndicale a été reçu vendredi pour exiger du Préfet l’arrêt de ces agressions qui ne cherchent qu’à décrédibiliser voire criminaliser le mouvement social pourtant majoritaire.

Matraquée et frappée à terre, les faits…
Publié le 28 mai 2016 par Blog Blancan

Puisque le magnétoscope de la télé est resté bloqué sur la voiture de police en feu, je vais vous raconter comment la mère de mes enfants se retrouve avec 8 points de suture à la tête, des bleus partout et marche avec des béquilles.

Bordeaux, manifestation contre la loi travail du jeudi 26 mai 2016. Beaucoup de monde dans le cortège. Prof retraitée, Maryse est militante à SUD Éducation. Je vois déjà le regard de certains lecteurs se lever au ciel (Bo, alors, si c’est une militante, c’est pas grave !).

Tout se passe calmement, chacun se réjouissant de la mobilisation dont on sait déjà que les médias diront qu’elle décline. Pas de casse. Le cortège vient de passer devant la place Gambetta et s’est engagé dans le cours de l’Intendance. Soudain, des cris et de l’agitation. Un groupe de flics de la bac déguisés en manifestants court à contresens, trimballant avec eux un terroriste. Il s’agit d’un jeune qui a commis le crime odieux de lancer un œuf rempli de peinture sur la façade d’une banque. Le petit groupe de la BAC exfiltre le jeune par une petite rue. Témoin de cet enlèvement, le groupe de SUD et de la CNT (pff, ces anarchistes !) se campe devant la rue maintenant barrée par des Goldoracks avec casques boucliers et matraques. Libérez notre camarade ! scande la foule qui grossit.

Et c’est là que la police décide que ça suffit comme ça. Elle fait ce qu’elle veut avec les manifestants qui soutiennent un gamin qui a jeté de la peinture sur la banque paisible. Et, aussitôt le top donné au talkie, voilà que les flics chargent. Il s’est passé deux à trois minutes entre l’exfiltration du jeune criminel et ce moment.

Alors Maryse, elle est parterre, recouverte d’un drapeau de SUD, veste noire, pantalon marron. Elle se tient la tête. Elle ne sait pas trop si c’est à cause du coup de matraque, du coup de bouclier pour la faire tomber ou du flic qui l’a tirée au sol par les cheveux parce qu’elle gênait le passage des collègues. Surtout elle saigne et elle a mal. Mais c’est assez confus, dans sa tête. Elle sait qu’elle a pris des coups, mais ne saurait préciser qui de la matraque ou du bouclier. Les médecins, après lui avoir recousu le cuir chevelu (8 points) ne peuvent que constater la quantité de bleus. L’un d’eux, sur la cheville a une marque bien ronde qui laisserait penser à un flash-ball.

En revanche, sur la photo qui suit (pantalon marron), on voit nettement que le collègue lui met un grand coup de pied, bien axé (il a dû faire du foot) vers la cheville. C’est pour ça qu’aujourd’hui elle se déplace à l’aide de béquilles.

C’est vrai que dans la mission de la police, il est écrit « frappez les femmes au sol ! ». Enfin, je suppose.

Mais ne soyons pas facilement anti-macho. Parmi ses fiers attaquants harnachés, elle garde le souvenir d’un visage d’un des gardiens de l’ordre qui la regarde en lui offrant un grand sourire lourd de mépris et qui veut dire… Je vous laisse imaginer ce qu’un flic FN peut penser quand il voit un « rouge » à terre. Eh bien ce visage, sous son costume de Goldorack, c’est celui d’une femme.

Alors qu’elle était évacuée vers les urgences, partageant le fourgon avec une gamine de 15 ans, elle aussi blessée par la police, le groupe qui avait été chargé a été rejoint par d’autres parties du cortège (la CGT notamment). Et la police a fini par relâcher le gamin à l’œuf bancaire. Ça commençait trop à sentir le roussi, Monsieur le Préfet !

C’est vrai qu’ils sont agaçants, ces militants qui ne pensent pas exactement comme les socialistes, les Républicains (ça me fait chier de mettre une majuscule), les moudem, ou les fachos qui veulent tout repeindre en bleu blanc rouge et fracasser les étrangers, les homos et les gauchos. Il pensent pas pareil. Ils remettent davantage de choses en question, interrogent le système, le libéralisme, le capitalisme. Ça fait désordre dans nos vies conduites par un caddie de supermarché. Mais est-ce une raison pour que des représentants de l’État passent leurs nerfs sans que le ministre de l’intérieur bouge le petit doigt ? Si certains de nos policiers se comportent en voyous, c’est qu’ils y sont autorisés. Non à la violence des casseurs (même si on peut en comprendre les raisons). Et non à la violence policière (même si on peut en comprendre les raisons). Comprendre n’est pas excuser. Du côté des forces de l’ordre, elle est totalement inacceptable. Tout particulièrement quand elle est gratuite et s’exerce sur des gens à terre qui ne commettent d’autre crime que de penser différemment. Démocratie ?